organisation du travail créatif,
entre usine et atelier

usine

 

L’univers de l’atelier m’intéresse du fait par les techniques qui s’y trouvent, mais aussi parce que l’atelier est un lieu de transmission de savoir-faire. Il y a maintenant quelques années, j’ai découvert la linogravure qui depuis ce jour me passionne et que je pratique maintenant seule. Dans un avenir proche j’aimerais ouvrir un petit atelier où moi aussi je transmettrais le travail que j’ai appris. Ces dernières années j’ai pu observer des méthodes de travail présente au sein d’un atelier, dans des entreprises industrielles et dans des lieux comme des agences en stage. J’ai remarqué que les méthodes de travail étaient très différentes. Personellement, je me suis sentie plus à l’aise dans le cadre de l’atelier. Dans cette étude de cas, nous avons choisi de nous questionner sur les différents modes d’organisation de travail créatif que nous pouvons trouver dans des lieux comme l’atelier créatif et l’usine.Nous allons nous demander si ces différentes formes d’organisation ont une incidence sur la production graphique? Je porte un grand intérêt aux productions qui semblent provenir d’atelier. Mais ne connaissant pas les conditions de production de ces objets graphiques qui me plaise, je suis arrivée à me demander si les qualités que j’apprécie correspondent bien à certaines conditions de production. Nous allons donc nous demander si nous pouvons repérer dans le résultat d’un travail graphique les signes du cadre organisationnel dans lequel il a été produit ?

I. Évolution de l’organisation du travail.

Au Moyen Âge et jusqu’au XVIIe siècle, la production d’objets était limitée. Elle s’est faite surtout dans le cadre d’ateliers familiaux ou artisanaux employant peu de personnel. La production de ces ateliers était limitée à un type d’objet. Colbert fonde au XVIIe siècle les manufactures. La première était celle des Gobelins :  un établissement regroupant beaucoup d’ouvriers très qualifiés qui exercent des métiers différents mais liés la production d’un même type d’objet. Ces ouvriers assumaient toutes les étapes de la production d’un objet. La naissance de la civilisation industrielle coincide avec une invention technique : celle de la machine à vapeur. Au début du XVIII e siècle, celle-ci sert d’abord à évacuer les eaux des mines de charbon. L’un des principe de l’industrialisation est la division du travail. Ce n’est plus la même personne qui conçoit et fabrique un même objet. C’est le système de la chaîne de fabrication qui est mis en place. Chaque personne est assimilée à une partie de la fabrication d’un objet. Selon la critique marxiste, l’ouvrier n’est plus le maître de sa production, il est dépossédé de son outil de travail. Au XIXe, tout le monde n’était pas pour l’industrialisation. Wiliam Morris a lu Marx et a essayé de reprendre dans son combat la critique de Marx pour humaniser le travail. William Morris a proclamé l’égalité de tous les arts, il a voulu hisser les arts décoratifs au même rang que la peinture, la sculpture ou l’architecture. Morris préfère l’artisanat à l’industrialisation parce que pour lui seul le travail manuel peut permettre un rendu de qualité que tout doit être pensé avec minutie. Toute œuvre doit être réalisée avec soin. John Ruskin et William Morris considèrent qu’il ne faut pas produire en masse. Ils souhaitent retourner au compagnonnage. Toujours selon Morris et Ruskin, pour s’épanouir l’homme doit également participer intégralement à la fabrication de son ouvrage. Cet épanouissement rendra alors l’ouvrier plus heureux mais aussi l’objet plus beau, par le supplément d’âme qui s’en dégagera. Dans le Manifeste du Bauhaus, Walter Gropius veut revenir à l’artisanat. Il souhaite faire renaître une communauté de travail aussi exemplaire que celle des loges médiévales qui réunissaient les artistes de toutes spécialités ( des architectes, sculpteurs, artisans divers ). Il aimerait une unicité de la création, il veut revenir au travail manuel. Gropius ne veut pas qu’il y ait de différence entre l’artiste et l’artisan. Après le Bauhaus, le design s’impose, les ateliers n’ont pas disparu, ils existent encore sous différentes formes.




À l’heure actuelle il y a encore une forte confrontation entre une organisation du travail qui se rapprocherait plus de l’industrialisation et une organisation proche de l’artisanat. Dans notre sociéte, actuellement, il y a des modes de travail soutenus qui se rapprochent fortement de l’industrie, où les salariés sont comme des robots ils ne créent plus. Ils sont devenus des simples exécutants. Ils ne savent plus pourquoi ils font les choses. On constate une opposition à ce monde capitaliste, il y a une forte motivation à chercher de nouveaux modes d’organisations, pour de meilleures conditions de travail parce qu’il y a un réel problème d’exécution. L’optimisation industrielle et économique supprime les emplois, il y a toujours plus de chômage, il y a donc de moins en moins de travail. Cependant, il y a de nouveaux lieux de travail qui apparaissent, comme les tiers-lieux qui regroupent différents espaces comme les fab labs arrivés en France en 2009. Les lieux de coworking en 2005, les ateliers où des outils sont mis à disposition. Ces lieux où la transmission de savoir-faire et le partage règnent. Bernard Stingler s’est intérressé au monde du travail, il a beaucoup réfléchi à la façon de sortir des formes actuelles du travail. Il a développé ainsi un concept d’économie contributive, appelé selon lui à remplacer notre système productiviste et consumériste actuel. « Dans ce nouveau mode d’organisation, les citoyens ne seraient ni des consommateurs, ni des producteurs, mais deviendraient contributeurs ».

organigramme bauhaus