Les sonorités et signes de l'écriture

La plupart des signes graphiques présents dans l’écriture retranscrivent d’une façon particulière certains sons. En effet, la lettre peut être considérée en tant que signe graphique, qui se trouve être la transcription d’un
phonème.
Le phonème correspond à la plus petite unité distinctive de la chaîne parlée : c’est la plus petite unité de son capable de produire un changement de sens dans un mot. Il représente cette traduction écrite du son des mots. Les différents sons qui peuvent être produits par une même lettre. En effet, [ʁ] dans « croc » [kʁo] et [ʀ] dans « gros » [ɡʀo] il y a deux phones différents du même phonème /r/. Dans le cadre d’un dictionnaire à l’école ou des ouvrages linguistiques, les phonèmes sont traditionnellement transcrit par des lettres placées entre des barres obliques tels que : /a/, /t/, /ʁ/.

À partir de ces observations et divisions de la branche linguistique (qui comporte
la branche phonétique et la branche phonologique)
, des professeurs de langue britanniques et français, dans le contexte de l’Association Phonétique Internationale fondée en 1886 à Paris, ont pu élaborer un
alphabet phonétique international : l’A.P.I.
Cet alphabet sert à apprendre à l’école comment différencier les différents sons dans les mots, et donc apprendre à parler, ou plutôt prononcer correctement. Ainsi, le phonème « eu » qu’on entend dans le mot « feu » s’écrit ø, et le phonème « u » entendu dans le mot « lune » s’écrit y.

Pierre Di Sciullo a créé une typographie qui se nomme le
Sintetik,
et est basée sur l’A.P.I., où il rassemble et comprimé toutes les lettres pour ne laisser qu’un groupe de son qui vaut pour tous les différents orthographes de mots : les
homophones
n’existe donc plus, la différence existe seulement à travers le contexte et la signification du mot en lui-même, mais plus dans l’orthographe de celui-ci.

Les signes diacritiques sont des éléments associés à une lettre de l’alphabet pour en modifier le sens ou la prononciation (Cet élément peut être suscrit [accents], souscrit [cédille] ou placé à côté de la lettre qu’il modifie). En français, l’on peut retrouver comme signes diacritiques : à-â-ä-é-è-ê-ë-ï-î-ô-ö-ù-û-ü-ÿ-ç.

Divergences dans les relations écrites et orales

Malgré ces correspondances entre le langage écrit et oral, il existe des divergences, notamment dans les homophones qui ont la même prononciation : « Eau » et « haut » sont homophones. Ces mots ont la même sonorité pour le son /o/ malgré le fait qu’ils s’écrivent totalement différemment. Le langage dans la plupart des cas rallie la question d’oralité et de l’écriture, mais dans ce cas présent, ce n’est pas le cas : on ne différencie ces deux « o » qu’à l’écrit et cela vaut pour beaucoup d’autres mots en français.

Pour partir sur un autre cas de différenciation, les réformes actuelles sur l’écriture qui prouvent davantage les différences entre ces deux langages, oralité et écriture. Ainsi, vient s’ajouter
l’écriture inclusive ou dégenrée
qui remet en cause l’écriture et la façon de parler. Tristan Bartolini, étudiant à la HEAD de Genève a travaillé sur une
typographie
d’un nouveau genre, avec
plus de 40 caractères
non genrés et donc inclusifs. Sa typographie est le début d’une longue lignée de créations typographiques qui œuvrent dans le sens de l’écriture inclusive.

Mais comment prononce t-on ces écritures inclusives à l’oral ? « Elle est une surréaction, certes compréhensive idéologiquement et moralement, mais à côté de la plaque. Elle est inutile, ne serait-ce que parce qu’elle ne peut pas se représenter à l’oral. Un texte en écriture inclusive ne peut pas se parler. C’est donc une complication ridicule et inutile sur un système qui est déjà, pour des raisons historiques, terriblement compliqué. Cette écriture méconnaît la réalité des choses. » Alain Rey (le père du Petit Robert) dans une interview sur le journal Figaro, répond à cette question et également celle-ci : « L’écriture inclusive va-t-elle mourir d’elle-même ? ». Il explique donc que cette écriture ne va probablement pas durer, malgré les volontés d’égalité à travers la langue, qui est idéologique. Ces exemples précédents nous montrent à quel point cette relation oralité-écriture est, à première vue, infiniment proche mais sur certains points on peut trouver des incohérences telles que les homophones et l’écriture inclusive.

L’espace écrit

L’écriture est une forme de langage. On pourrait prendre comme exemple les poèmes, paroles de chansons et vers. Ces derniers retranscrivent un rythme, une certaine intonation que l’on ne voit pas à l’écrit. Pourtant, ces rythmes et silences sont bien présents. Au niveau des ponctuations, on peut retrouver une certaine similitude avec le silence perçu à l’oral :
les points de suspensions « … »
sont un exemple de ces silences oraux présents lorsqu’on marque un arrêt dans le flux d’énonciation pour diverses raisons tels que : d’effectuer des pauses lors d’une lecture, ou bien pour laisser place à notre réflexion, mais ils peuvent également servir pour traiter de sentiments éprouvés tels que la tristesse ou la nostalgie ou encore l’ambiguïté. La codification des signes de ponctuation, mais encore les espaces produits à l’écrit entre chaque mot, sont des simplifications de la parole, un signe visant à retranscrire une certaine sonorité lorsque l’on parle.

La mise en page et mise en forme de nombreux textes et poèmes sont porteurs d’un certain rythme. En effet,
le poème-partition
de Bernard Heidsieck joue avec les rythmes et vides que procure cette mise en page, et les sensations ressenties à travers ceci. En se servant de tirets longs, des espaces cadratins, des points de suspension et des puces rondes, il évoque un rythme donné par cette mise en page composé dans l’espace.