Sommaire

1.
Les éléments
scripto-visuels
commerciaux

Engorgement visuel
dans les espaces publics marchands

J’entends par éléments scripto-visuel commerciaux, tous les traitements d’informations alliant texte et images, consacrés ici à la promotion directe ou indirecte d’un bien ou d’un service marchand et diffusés par des organisations telles que des marques, sociétés, entreprises et associations.Le choix d’avoir concentré mon étude sur quelques zones de la ville de Besançon peut être critiquable. En effet, je ne me suis pas attachée à documenter l’ensemble de la ville, mais j’ai tenu à privilégier un panel de zones différentes en me fixant comme aire géographique de référence, le centre-ville de Besançon.

Afin de contextualiser les objets texte-images observés, j’ai différencié plusieurs zones en les caractérisant selon les activités d’un citadin. D’après le programme scolaire national de cycle trois de géographie, il existe cinq dimensions de l’habiter : se loger, travailler, se cultiver, se divertir et consommer.

[1] Grande rue : dimension commerciale
(magasins et restaurant-café tout le long de la rue : Monoprix, Orange, Lacoste, Quick, Colombus Café & Co, Bagelstein…), au cœur de La Boucle (centre historique de Besançon et centre-ville actuel), réservée essentiellement aux piétons et aux cycles (parti semi-piétonnes)
[1] Grande rue : dimension commerciale
(magasins et restaurant-café tout le long de la rue : Monoprix, Orange, Lacoste, Quick, Colombus Café & Co, Bagelstein…), au cœur de La Boucle (centre historique de Besançon et centre-ville actuel), réservée essentiellement aux piétons et aux cycles (parti semi-piétonnes)
[2] Rue Général Lecourbe : dimension plutôt résidentielle
(seulement quelques magasins et deux hôtels, principalement des habitations), extrémité Sud de La Boucle, partagée par les piétons, cycles et automobiliste (voie à sens unique)
[2] Rue Général Lecourbe : dimension plutôt résidentielle
(seulement quelques magasins et deux hôtels, principalement des habitations), extrémité Sud de La Boucle, partagée par les piétons, cycles et automobiliste (voie à sens unique)
[3] Rue Chifflet : dimension plutôt résidentielle
(quelques magasins à l’extrémité de la rue, principalement des habitations), extrémité Sud de La Boucle, partagée par les piétons, cycles et automobilistes (voie à sens unique)
[3] Rue Chifflet : dimension plutôt résidentielle
(quelques magasins à l’extrémité de la rue, principalement des habitations), extrémité Sud de La Boucle, partagée par les piétons, cycles et automobilistes (voie à sens unique)
[4] Avenue de Montrapon : dimension plutôt commerciale
(plusieurs magasins et restaurants : Data Music, Tabac Le Montrapon, My Little Italy…), périphérie Nord-Ouest de La Boucle, axe routier partagé par les automobilistes, cycles et piétons
[4] Avenue de Montrapon : dimension plutôt commerciale
(plusieurs magasins et restaurants : Data Music, Tabac Le Montrapon, My Little Italy…), périphérie Nord-Ouest de La Boucle, axe routier partagé par les automobilistes, cycles et piétons
[5] Parc Chamars : dimension de loisir et occasionnellement de divertissement
(promenade, bancs), extrémité Ouest de La Boucle, parc réservé aux piétons et cycles
[5] Parc Chamars : dimension de loisir et occasionnellement de divertissement
(promenade, bancs), extrémité Ouest de La Boucle, parc réservé aux piétons et cycles
[6] Avenue de la Gare d’Eau : dimension plutôt de travail
(grandes institutions : Préfecture, Hôtel de Police, Conseil départemental du Doubs, France 3 Franche-Comté), extrémité Sud de La Boucle, avenue partagée par les piétons et cycles
[6] Avenue de la Gare d’Eau : dimension plutôt de travail
(grandes institutions : Préfecture, Hôtel de Police, Conseil départemental du Doubs, France 3 Franche-Comté), extrémité Sud de La Boucle, avenue partagée par les piétons et cycles
2 L’Avenue de la Gare d’Eau a plutôt une dimension de travail, mais il s’agit essentiellement d’institution publique, ainsi, il est probable que selon les types de professions l’environnement textes-images varie. Il semble donc difficile de faire valoir cette partie pour le tout.

Les formes texte-images commerciales, c’est-à-dire les publicités se trouvent essentiellement dans les rues marchandes [1] où elles sont omniprésentes, sur les places du centre-ville dont les places culturelles [7] , où une fragmentation est visible, l’espace étant partagé par la dimension culturelle et commerciale. Mais, ils sont aussi largement présents sur les axes routiers lorsqu’il s’agit de voies commerçantes [4] , dans certaines zones d’habitation lorsqu’il y a quelques commerces [2]/[3] mais en faible nombre et très faiblement présents dans les zones de travail 2 [6] . Les parcs sont quant à eux dépourvus de ces formes [5] , à l’exception de certains affichages illégaux. On peut donc en déduire que certaines zones sont ciblées en fonction des individus qui fréquentent ces lieux, mais aussi par rapport à la réglementation en vigueur concernant la publicité dans l’espace public.

2 L’Avenue de la Gare d’Eau a plutôt une dimension de travail, mais il s’agit essentiellement d’institution publique, ainsi, il est probable que selon les types de professions l’environnement textes-images varie. Il semble donc difficile de faire valoir cette partie pour le tout.

[7] Place de la Révolution : dimension plutôt culturelle
(Musée des Beaux-Arts de Besançon, Cinéma des Beaux-Arts), extrémité Nord de La Boucle, place partagée essentiellement par les piétons et cycles (rue semi-piétonnière)
[7] Place de la Révolution : dimension plutôt culturelle
(Musée des Beaux-Arts de Besançon, Cinéma des Beaux-Arts), extrémité Nord de La Boucle, place partagée essentiellement par les piétons et cycles (rue semi-piétonnière)

Les formes texte-images commerciales, c’est-à-dire les publicités se trouvent essentiellement dans les rues marchandes [1] où elles sont omniprésentes, sur les places du centre-ville dont les places culturelles [7] , où une fragmentation est visible, l’espace étant partagé par la dimension culturelle et commerciale. Mais, ils sont aussi largement présents sur les axes routiers lorsqu’il s’agit de voies commerçantes [4] , dans certaines zones d’habitation lorsqu’il y a quelques commerces [2]/[3] mais en faible nombre et très faiblement présents dans les zones de travail 2 » [6] . Les parcs sont quant à eux dépourvus de ces formes [5] , à l’exception de certains affichages illégaux. On peut donc en déduire que certaines zones sont ciblées en fonction des individus qui fréquentent ces lieux, mais aussi par rapport à la réglementation en vigueur concernant la publicité dans l’espace public. Selon les zones, différents types de supports constituant les formes texte-images sont utilisés : pour les rues piétonnes commerciales [1]/[7], il y a davantage d’enseignes installées perpendiculairement aux façades présentant les logos des marques. Il y a aussi des panneaux imprimés, présentant le nom des marques et souvent placés au-dessus des vitrines des magasins. Certaines enseignes utilisent des porte-affiches ou chevalets stop trottoir. Le fond des vitrines présente souvent des affiches, leur surface des autocollants. Ainsi, l’espace est totalement occupé, afin que les individus puissent identifier rapidement les marques. Plus les image-signes alerteront, mieux la marque se singularise des autres enseignes et ainsi de la masse d’informations qu’un passant perçoit. Il existe ainsi, une sorte de sur-enchère entre les marques ce qui conduit à ce que certaines zones de l’espace public soient engorgées de tels ou tels signes visuels. De ce fait, la ville de Grenoble a interdit les publicités dans la ville, les qualifiant de pollution visuelle, il s’agissait selon le maire de libérer l’espace public. Les supports publicitaires utilisés quant à eux pour les axes routiers [4] sont de plus grands formats, ainsi, on trouve généralement des affiches dans des panneaux d’affichage abribus (120 x 176 cm), mais aussi de grands formats fixés sur des murs ou grâce à des panneaux sur pieds (240 x 160 cm ou encore 320 x 240 cm).

La publicité comme moyen
de changer le quotidien

3 La phrase : « Good design is good business » a été déclarée en 1973 par Thomas Watson Jr. à l’occasion d’une conférence à l’université de Pennsylvanie.

Certains graphistes considèrent que la publicité est au contraire un moyen de transformer positivement l’espace public, telle était la vision de Paul Rand, designer graphique américain du XXe siècle. En effet, le créateur, considérait que le but de son activité de graphiste publicitaire était de « rendre l’ordinaire inhabituel » à travers les publicités qu’il conceptualisait. Paul Rand envisageait ses visuels comme des outils commerciaux, au service des entreprises et des marques. Une citation célèbre du business man américain, Thomas Watson Jr. témoigne de l’état d’esprit de cette époque, « Good design is good business 3 » (un bon graphisme est une bonne affaire).


3 La phrase : « Good design is good business » a été déclarée en 1973 par Thomas Watson Jr. à l’occasion d’une conférence à l’université de Pennsylvanie.

4 IBM : société multinationale américaine dédiée aux matériels informatiques, logiciels et services informatiques.

5 Cette pochette s’inscrit dans la volonté d’IBM en 1956 de repenser le design de l’entreprise, y compris la partie graphique assurée par Paul Rand. Ainsi, le designer a conçu tous les documents visuels, dont le logo de la marque présent sur l’affiche.

Il s’agit maintenant de prendre l’exemple d’une de ses réalisation créée pour l’identité graphique d’IBM 4 » Customer Support Center 5 », réalisée en 1975. C’est une impression en offset et elle mesure 23 x 30,5 cm. Elle a été donnée en 1992 par IBM au Centre Pompidou. De plus, il s’agit d’une publicité, car elle promeut un service de la marque IBM, donc un service marchand.
L’image est en format à la française, constituée d’un fond blanc sur lequel des formes carrées de couleurs saturées sont juxtaposées ou superposées et différemment orientées dans la partie centrale de l’image. Il en résulte un effet cinétique qui la dynamise. Les couleurs vertes, rouge, orange, jaune, bleue et violette constitutives des carrés renforcent encore l’effet. La pochette présente un aspect épuré. Selon l’artiste, les formes géométriques forment un langage universel et permettent ainsi de toucher le plus possible d’individus. Le carré noir contraste avec les autres carrés de couleurs, ce qui produit un contraste de valeur et attire l’œil sur l’inscription en blanc du logo de la marque « IBM », suivi de l’inscription « Customer Support Center », c’est la seule inscription indiquant qu’il s’agit d’une image commerciale. Ainsi, Paul Rand parvient grâce à la subtilité de sa composition graphique à faire oublier qu’il s’agit d’une publicité : on pourrait ainsi confondre sa création avec une œuvre d’art.


4 IBM : société multinationale américaine dédiée aux matériels informatiques, logiciels et services informatiques.

5 Cette pochette s’inscrit dans la volonté d’IBM en 1956 de repenser le design de l’entreprise, y compris la partie graphique assurée par Paul Rand. Ainsi, le designer a conçu tous les documents visuels, dont le logo de la marque présent sur l’affiche.

6 Livre : Juste Ici, Art dans (et avec l’espace public, 2011 --> 2018, Besançon : Juste Ici, 2018

Certains collectifs pensent en effet, qu’inclure l’art dans l’espace public et donc dans le quotidien des individus est légitime et bénéfique. Ces collectifs de designers travaillent en relation avec les institutions des villes. C’est le cas de l’association Juste Ici de Besançon qui « défend l’idée que l’art dans l’espace public encourage une nouvelle perception du monde qui nous entoure. 6 »


6 Livre : Juste Ici, Art dans (et avec l’espace public, 2011 --> 2018, Besançon : Juste Ici, 2018

Paul Rand, Identité graphique IBM Customer Support Center , 1975, impression offset, 23 x 30,5 cm. Centre Pompidou, Paris, offert par IBM.
Les couleurs de la pochette ne sont pas celles d’origine, on peut en observer une version plus vive sur le site internet du Centre Pompidou.