J’ai engagé mon étude en partant du constat selon lequel les espaces publics des villes sont occupés par des images commerciales telles que des enseignes, des affiches publicitaires placardées sur les transports en communs ou encore dans les rues sur des panneaux publicitaires.
L’espace public se caractérise par son aspect libre, étant donné qu’il est possible de s’y mouvoir librement et gratuitement, il semble alors paradoxal que de telles images ayant un but marchand et servant à l’intérêt des entreprises privées s’inscrivent dans une sphère publique. De plus, la liberté propre à ces lieux, leur confère un caractère auto-organisationnel, qui a pour but originel de limiter l’abus de pouvoir. Cela a du sens, car le substantif « espace public » est apparu pendant le siècle des Lumières au début du libéralisme. Ainsi, ne serait-ce pas un abus de pouvoir des entités marchandes que de diffuser des images privées dans leur propre intérêt dans un espace commun ? Ces images ne sont d’ailleurs pas les seules à occuper le paysage urbain, il est possible de déterminer trois grands pôles se le départageant : institutionnel, commercial et alternatif. Comment se partagent-ils, divisent-ils l’espace ? Sous quelles formes les images apparaissent-elles ? Cela, produit-il des tensions ? L’espace public est aussi lieu de communication, il s’y produit des échanges, des liaisons, du partage, une circulation de l’information. Enfin, ce sont des espaces qui font entièrement partie de la vie des citoyens et qui sont utilisés quotidiennement. Les rues, parcs et places en sont des exemples.
Le design graphique en dialogue avec le commanditaire, anticipe et projette dans l’espace les conditions d’accès aux informations. Il a le pouvoir de donner une fonction aux objets visuels : « de dissocier ou de lier, de singulariser ou de formater, d’accueillir ou d’exclure 1 ». Ainsi, les éléments scripto-visuels de la ville sont les indices qui montrent la manière dont elle pense son organisation, son fonctionnement, définit ses priorités, ses hiérarchies, vit les transformations, « Les formes informent le sens qui informe les formes 1 ».
Mon étude s’applique à des exemples scripto-visuels de la ville de Besançon, il s’agira ainsi, d’en observer certains, d’analyser leurs formes et de les contextualiser afin de dresser un court répertoire qui pourra servir à appréhender leur place dans la ville et leurs interférences. Et de les mettre ensuite en perspective par rapport à des points de vue divergents de graphistes, artistes afin de questionner leur place dans les espaces communs.